Wednesday, August 02, 2006

Lettre ouverte à Ahmed Tibi

Ahmed Tibi est un député Arabe qui siège à la Knesset (parlement Israélien). C’est la preuve qu’Israel est une vraie démocratie sans censure ni tabou.

Ahmed Tibi a insulté Amir Peretz hier durant le discours du Ministre de la Défense. Ben Caspit, célèbre journaliste du quotidien Maariv lui a écrit cette lettre que je reproduis ici en intégralité.

Lettre ouverte à Ahmed Tibi
Ben Caspit
mercredi 2 août 2006 - 12:41


Nous nous connaissons depuis de longues années. Nous avons partagé des moments en accord et d’autres, en désaccord, nous avons traversé ensemble des catastrophes et des joies…

Je sais que vous êtes un chef en propagande arabe et un patriote palestinien, mais je sais que vous êtes également un être humain. C’est pourquoi j’ai essayé de croire qu’une coexistence avec vous sur cette Terre était encore possible.

Je vous ai vu avant hier avec ces démagogues hypocrites qui ont traité Amir Péretz d’assassin et de terroriste ! Honte à vous ! Je ne me suis jamais senti aussi éloigné de vous et je n’ai jamais moins cru en cette possibilité, minime, virtuelle, de vivre ensemble ici.

Dites-moi, Ahmed, la main sur le cœur, vous croyez sincèrement qu’Amir Péretz est un assassin ? Un terroriste ? Vous le connaissez bien pourtant ! Ce bébé qui a été confié à une nourrice palestinienne ! Cet enfant dont la mère a été atteinte par une bouteille incendiaire à Gaza et qui a exigé que son agresseur soit relâché. Vous le connaissez pourtant bien, cet homme qui s’est battu toute sa vie, qu’il pleuve ou qu’il vente, en faveur de la paix, pour des pourparlers, pour la défense des droits du peuple palestinien !

Est-ce bien cet homme que vous traitez d’assassin ? Dans ce cas, qu’est donc Nassrallah selon vous ? Qui est-il ? Il faut des heures de discussion, suer des journées entières, pour vous soutirer un semblant de condamnation, hésitante, prononcée à voix basse, on ne peut plus vague contre le terrorisme que lui et bien d’autres utilisent contre nous.

Combien de fois me suis-je retrouvé en votre compagnie ou en celle de vos camarades, dans divers studios, en essayant de vous arracher une ombre de condamnation du massacre du Dolphinarium, de celui du soir du Séder dans l’hôtel Park de Natanya ou d’autres dizaines, centaines de massacres barbares qui ont été perpétrés ici contre nous, en réponse à la proposition d’Ehoud Barak d’accorder aux Palestiniens un état sur 90% des «territoires»

A présent, les katiouchas tombent aussi sur vous, mais vous n’avez encore rien compris. Elles tuent des vôtres, mais elles n’ébranlent pas votre thèse. Qui peut-on accuser du fait qu’Abed Talouzi, ce malheureux père qui a perdu deux enfants à Nazareth, ne sait même pas que tout a commencé par une attaque meurtrière, comme ça, sans raison, du «frère» Nassrallah contre Israël ? Après tout, le public arabe s’abreuve de vos propos, de vos versions, mange dans vos mains, grandit et est élevé sur les genoux de la tradition de votre verve. Vous passez votre temps à diffamer, à semer du venin chaque fois que vous avez l’impression qu’un Juif est mêlé à quelque chose qui vous concerne. Et lorsque c’est le cas inverse et les trois quarts du temps, ça l’est, vous vous taisez. Des sauvages trempent leurs mains dans le sang de deux soldats réservistes massacrés en public au centre de Ramallah et d’autres dansent de joie sur leurs balcons à la vue de ce spectacle et vous ne trouvez rien à redire. Des barbares incitent vos compagnons à se faire exploser près de femmes et d’enfants et vous vous contentez de balbutier.

Nous avons nous aussi nos assassins, Ahmed. Chez nous aussi, il pousse des mauvaises herbes. Mais ces gens-là ne sont qu’une  minorité et ils n’ont jamais été transformés en héros culturels. Personne ne les a sacrés «shaydim» Au fond de vous, vous savez parfaitement qu’aucun de nos officiers ne serait capable de sang froid, de donner l’ordre de bombarder une maison dans laquelle il sait que se cachent des enfants. Au fond de vous, vous savez bien que chez nous, il ne viendrait à l’idée de personne de danser sur un toit, à la vue du massacre de femmes et d’enfants.

A ma stupéfaction, je vous ai vu avant hier monter à la tribune de la Knesset et parler. Doucement. Du fond du cœur. Sans hurler. Sans brandir votre poing de colère, comme vous en avez l’habitude. Sans qu’une seule veine de votre cou, ne gonfle. Vous avez parlé de la situation difficile. Vous avez demandé un cessez-le-feu. Exiger que l’aviation cesse ses bombardements. Et vous avez aussi condamné l’attaque de Nassrallah. Vous savez bien qu’il s’agit d’un agent iranien. Vous savez bien que la menace qu’il fait planer sur nous, plane également sur vous, sur vos principes.

Vous êtes l’adjoint du président de la Knesset, Dr Ahmed Tibi. A priori, c’est un grand honneur pour vous ! Mais en réalité, c’est un sérieux problème. J’essaie de m’imaginer ce qui se serait passé, si dans un parlement d’un des états arabes que vous choyez tant, Muhammad Baraké avait débarqué et annoncé que le gouvernement avait volontairement perpétré un massacre contre des femmes, des enfants et des vieillards, comme il l’a fait à propos du gouvernement d’Israël. Dans tout état normal, cet individu aurait été expédié en prison. Le député Otniel Schneller a déposé une plainte contre lui. Comment cela va-t-il finir ? Il ne se passera rien. La charité Juive, vous savez bien…

Prenez le cas de Taleb A Sana qui après avoir hurlé, s’est fait vider de la Knesset par Dalia Itsik, à laquelle il a ensuite adressé un mot d’excuse, la suppliant de lui pardonner, lui racontant que ses filles ont sangloté en voyant les images de Cana et lui demandant de lui permettre d’entrer dans l’hémicycle. Il n’a pas honte !

Quant à Azmi Bachara ? Le top du top ! Il ne met pratiquement pas les pieds à la Knesset. Il n’y a que dans notre pauvre pays, que cette cinquième colonne peut continuer de siéger au Parlement, boycotter régulièrement cette institution, tout en continuant de toucher un salaire et tout en participant au combat pour mettre fin à l’existence de l’Etat Juif.

Vas savoir s’il n’est pas allé ces jours-ci rendre visite à son pote de Damas, Assad, pour lui raconter ses aventures ou à son «frère» Nassrallah pour faire ensemble des projets et élaborer des plans. Avec lui, on ne peut pas savoir, un jour, il joue l’espion là bas pour nous et le lendemain, ici pour eux. Il a bien été envoyé en mission là-bas par Ehoud Barak, est revenu informer Danny Yatom. Ce n’est que grâce à une décision démente de la Cour suprême que cet homme a pu une nouvelle fois postuler pour un siège à la Knesset. Apparemment, nous sommes devenus complètement fous ! Après ça, la Cour suprême s‘étonne de voir le public s’éloigner !

Ahmed, la démocratie israélienne ne pourra pas continuer longtemps d’avaler le venin que vous déversez. Vous finirez un jour ou l’autre par en être vomis. Quand un Juif de New York décide que sa fidélité à l’Etat d’Israël prime sur son engagement envers sa patrie, il monte en Israël. Il est temps que vous preniez une décision et que vous choisissiez votre camp. Si vous décidez de rester ici, il vous faut courageusement proclamer votre fidélité à l’Etat d’Israël. Sinon, vous n’avez qu’à aller en Palestine, en Syrie, à Amman !

Je crois en la fidélité de la majeure partie des Arabes israéliens, je sais que des centaines de milliers d’entre eux sont de bons et loyaux citoyens, qui plaignent les Palestiniens, mais qui reconnaissent la souffrance des Israéliens. Il est temps de faire les comptes et de prendre une décision. Il n’est pas trop tard. Il est encore possible de rester ensemble. Pour cela, il vous faut prendre une décision, décider de rester ici avec nous pour le meilleur et pour le pire ou de vous en aller chez eux, pour le pire et pour le bien. J’aimerais bien voir si vous êtes capables de crier sur Ismaïl Hanyieh au Parlement de Ramallah ou attaquer Abou Smahadana dans son bureau de Rafiah !

Vous vous languirez de nous, Ahmed, mais je ne suis pas sûr que nous nous languirons de vous !

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